éTUDE Malgré des contraintes persistantes, le réseau du livre améliore sa rentabilité
L'écart se creuse entre les grandes enseignes et les librairies de quartier T. D.
[15 octobre 2004]

Les librairies françaises se portent mieux. C'est le premier constat d'une étude menée par le Centre national du livre. Pourtant les contraintes qui pèsent sur le commerce du livre sont presque plus pesantes qu'en 1992, date de la dernière étude sur le secteur. Aujourd'hui, le taux moyen de rentabilité est de 2%, contre 0,5% en 1992, d'après ce même document. «Les librairies se portent moins mal qu'en 1992, estime toutefois Hervé Renard, qui a piloté cette étude. Le contexte économique entre 1992 et 2002 n'est pas le même. Depuis deux ans l'économie du livre connaît une croissance sans égale par rapport à 1992, année de minirécession pour le livre. Par ailleurs, 2% de taux de rentabilité reste modeste, en tout cas, inférieur de 0,5% à celui du commerce en général.» Un constat partagé par Gilles de la Porte, président du Syndicat national de la librairie : «Certaines librairies vont mieux, comme celles installées dans les grandes villes de province. Elles s'adressent à un public exigeant, sensible à la notion d'indépendance des librairies. Des commerces qui échappent à une tentative d'uni for misation. Ces librairies consacrent 18 à 20% de leur chiffre d'affaires à leur masse salariale. contre 12% pour une grande surface spécialisée.» Le rapport revient sur un certain nombre de contraintes qui pèsent toujours sur ce secteur : «Des facteurs externes qu'elles ne maîtrisent pas, à commencer par les politiques des diffuseurs, les décisions des collectivités publiques ou encore l'augmentation des charges telles que loyers ou transport.» «Charges d'autant plus lourdes, explique Gilles de la Porte, que les librairies ne peuvent pas les répercuter sur le prix des livres dans la mesure où celui-ci est unique depuis la loi Lang.» L'étude, qui porte sur l'année 2003, relève un durcissement des conditions commerciales. «Les délais de paiement obtenus auprès des éditeurs-distributeurs semblent en revanche s'être resserrés par rapport à 1992 : le délai moyen s'établit désormais à 70 jours en moyenne, contre 78 en 1992.» Une évolution qui s'explique notamment par une concentration des groupes d'édition et de distribution. Le rapport insiste aussi sur le fait que la part des ventes aux collectivités «est en recul sensible, même si elle reste extrêmement variable d'une librairie à une autre». En 1992, la vente aux collectivités locales représentait 24,8% du chiffre d'affaires, en 2003 elle n'est plus que de 21,6%. En cause, la forte hausse du rabais moyen, qui écartait de ce système nombre de petits libraires, au profit de grossistes qui devenaient des libraires grand format, appelés dans la profession «libraires ensemble». Mais la loi a changé en août 2003, puisque désormais l'Etat plafonne les remises aux collectivités. Si les librairies se portent mieux, nombre d'entre elles disparaissent encore chaque année. «C'est un des défis lancés au ministère», indique Eric Gross, directeur du Centre national du livre. Dans le budget 2004, les crédits portés au prêt sans intérêt ont augmenté de 24%. «C'est un des outils à la disposition des libraires pour les aider à gérer notamment la succession de leurs entreprises», souligne Eric Gross.

 

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