Reprise de luxe pour Arléa
LE MONDE DES LIVRES

MAISON D'ÉDITION de littérature classique et moderne (Sénèque, Plutarque, Paul Morand, Maxence Fermine, Pierre Veilletet, Simon Leys...), Arléa vient d'être rachetée par LVMH, après des mois difficiles qui ont failli la conduire au dépôt de bilan. Catherine Guillebaud et Claude Pinganaud, directeurs éditoriaux, ne semblent toujours pas revenus de ce sauvetage in extremis par le numéro un mondial du luxe. "Ce rachat par LVMH, c'est un peu féerique car nous étions véritablement condamnés à mort", explique Catherine Guillebaud, qui ne cache pas le côté un peu "irrationnel de cette opération".
Tout débute en avril, après les mauvaises ventes de janvier, aggravées par deux procès perdus. Les dirigeants d'Arléa commencent leur démarche pour trouver un repreneur. Premier contacté, Le Seuil, actionnaire à 20 % et diffuseur d'Arléa. "Certes, ce n'était pas le meilleur moment, mais les discussions ont été loin, jusqu'à ce qu'Hervé de La Martinière nous donne enfin une réponse négative en juillet et nous laisse sur la route."
Après ce refus tardif qui faisait suite à ceux de Vera Michalski (groupe Libella), de Gallimard ou encore d'Albin Michel, Claude Pinganaud adresse, "comme une ultime bouteille à la mer", une lettre à de grands chefs d'entreprise connus pour leur action dans le mécénat culturel. Très vite, Bernard Arnault se montre intéressé par le catalogue d'Arléa et prêt à aider la maison. Les négociations débutent alors fin août pour aboutir, le 7 octobre, à la prise de contrôle d'Arléa, aujourd'hui intégrée au groupe de presse Desfossés international (La Tribune, L'Agefi...).
"Nous n'avions pas de velléités de propriété, poursuit Catherine Guillebaud ; ce qui nous importait était que le nom d'Arléa ne disparaisse pas, que l'on éponge les dettes et que l'on puisse poursuivre le travail que nous faisons depuis dix-huit ans. Nous avons eu l'assurance de la part de LVMH qu'il nous laisserait continuer ce travail. Bien sûr, nous avons bien songé à quelques arrière-pensées derrière la proposition de LVMH, mais je pense que si Bernard Arnault avait des vues dans l'édition, il n'aurait pas commencé par Arléa."
Christine Rousseau
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 15.10.04

 

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